MARCEL MOLINES

Bartali, agressé dans les Pyrénées, abandonne le Tour 1950 et entraîne avec lui les deux équipes italiennes et les journalistes transalpins. C'est un énorme scandale. Le Tour est sous le choc lorsqu'arrive l'étape Perpignan-Nîmes, qui paraît de peu d'intérêt. A la sortie de Narbonne deux coureurs s'enfuient. L'un est blanc, Marcel MOLINES, et l'autre est de couleur, ABD EL KADER ZAAF, tous deux de l'équipe d'Afrique du Nord dont c'est la première participation au Tour.

Dans l'indifférence générale, ils prennent une large avance et luttent contre la canicule avec ce qu'on leur tend. A 30 km de Nîmes, ZAAF zigzague et va au fossé. On l'appuie contre un arbre. On désaltère ce musulman, qui ne boit pas une goutte d'alcool, avec ce que l'on a sous la main: du vin.

Les journalistes arrivent au moment où ZAAF repart en sens inverse, empestant le vin. La légende est en route.

Marcel MOLINES est largement en tête, seul et course gagnée. Il a, normalement, rendez vous avec la gloire mais voici que KUBLER et OCKERS piègent BOBET ramenant l'intérêt à l'arrière de la course où le Tour se joue.. Le jeune Marcel MOLINES remporte l'étape mais l'épisode ZAAF et le bouleversement du classement le font passer à l'arrière plan, lui qui n'aura plus l'occasion de faire parler de lui.

40 ans plus tard, en 1990, Marcel MOLINES a pris une licence au Vélo Sprint Narbonnais. Ceux qui l'ont vu au repas de clôture d'un Tour des Corbières ont compris pourquoi il avait mieux résisté que ZAAF.

Quelques années plus tard, la scène se passe à Gruissan au Camp Cycliste Professionnel qui reçoit l'équipe Festina. Jean Paul OLIVIER y est attablé avec quelques dirigeants. L'homme de télévision a fait, quelques mois auparavant, une excellente rétrospective sur l'étape Perpignan-Nîmes et, surtout, sur ZAAF

Marcel MOLINES surgit, tout marri de ne pas y avoir tenu la vedette et, s'adressant à ''Paulo-La Science'': ''Tu ne m'as pas honoré!''

Plus de 50 ans après, la douleur était encore présente.

Il était temps que cet article rende à Marcel MOLINES la justice et la gloire que les circonstances lui ont volé.

Marcel MOLINES et ABD EL KADER ZAAF lors de leur échappée épique